Le séchage du maïs est une étape cruciale lors de la récolte et essentielle pour assurer sa conservation et sa qualité. Cependant, ce processus peut s'avérer coûteux, particulièrement en termes d'énergie. Dans un contexte où les coûts de production agricole ne cessent d'augmenter, trouver des moyens de sécher son maïs efficacement tout en maîtrisant les dépenses devient un incontournable.
Dans cet article, nous présenterons les points clés à surveiller pour optimiser le processus de séchage, réduire les frais et maximiser le retour sur investissement. Comme on dit, le calcul vaut le travail!
Le séchage du maïs : les grands principes
La récolte du maïs
Au Québec et en Ontario, le maïs est généralement récolté à des taux d'humidité élevés, souvent entre 22% et 28%. Or, pour assurer une bonne conservation et éviter le développement de moisissures ou la détérioration du grain, il est nécessaire de réduire ce taux d'humidité à environ 13-15%.
Au Québec, le taux d’humidité maximum accepté à la livraison varie de 14,5 à 15,5% selon l’acheteur. Livrer du maïs en dessous de ce seuil se traduit en perte économique pour le producteur, principalement due à un surcoût de séchage et une perte de poids en eau. À toutes fins pratiques, 1% d’humidité représente 1% du poids à la livraison. Donc pour le même volume de grains, si vous livrez votre maïs à 14,5% au lieu de 13,5%, vous encaissez 1% de bénéfice net supplémentaire.
Poids sec = Poids humide X (100 - % humidité initiale) / (100 - % humidité cible)
Pour convertir une tonne (1 000 kg) de maïs à 25% d'humidité :
Conversion à 14,5% : Poids sec = 1 000 (100 - 25) / (100 - 14,5) = 1 000 75 / 85,5 = 877,19 kg
Conversion à 15,5% : Poids sec = 1 000 (100 - 25) / (100 - 15,5) = 1 000 75 / 84,5 = 887,57 kg
Comparatif entre 14,5% et 15,5% :
Différence : 887,57 - 877,19 = 10,4 kg
Proportion : 10,4 / 877,19 = 1,17%
Pour obtenir un grain sec, il faudra augmenter la température pour obtenir un séchage efficace. Toutefois, plus on augmente la température du grain, plus ses propriétés en sont affectées. Surchauffer un grain affecte directement la qualité de votre maïs.
Fait important à considérer : plus le grain est sec, plus il est fragile, donc plus sujet à être endommagé lors de la manutention. Entreposer et manutentionner un grain trop sec pourra affecter le classement de votre grain, ainsi que vos revenus de récolte.
Principe du séchage au propane
Tel que présenté sur le site du Ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Agroentreprise et ministère des Affaires rurales de l’Ontario (OMAFRA), pour sécher 1 134 kg de maïs humide à 25% avec un séchoir transversal contin standard, vous aurez besoin de 34 L de propane. Ceci permettra de retirer 134 kg d’eau, soit 10% d’humidité (25%-15%).
Valeurs approximatives de la consommation de combustible résultant du séchage d’une tonne de maïs dans un séchoir à écoulement transversal continu. Source: OMAFRA
Phase de séchage
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le séchage ne se fait pas de façon linéaire. C’est-à-dire que si l’on représente le processus de séchage sur un graphique, nous retrouverons plutôt une courbe (phase 3) où, plus on s’approche du taux d’humidité visée (14%-15%), plus le temps de séchage est long. Ceci s’explique facilement par la répartition de l’humidité dans le grain. Au début du processus de séchage, l’humidité de surface quitte rapidement le grain. Mais lorsqu’on cherche à extraire l’humidité au centre du grain, l’eau a besoin de plus de temps pour migrer vers l’extérieur.
Le séchage du grain se définit principalement en 3 grandes étapes, soit :
Le réchauffement
Le séchage de surface
Le séchage en profondeur
Lors de la phase de réchauffement (phase 1), le séchoir réchauffe le grain graduellement pour l’amener à une température de transpiration. Une fois réchauffé, le grain transpirera fortement et permettra un séchage rapide et efficace.
L’étape du séchage de surface (phase 2) est marquée par un plateau de séchage. En fait, le plateau de séchage représente la vitesse maximale à laquelle le séchoir peut extraire de l’eau. En d’autres mots, la vitesse de séchage constitue la limite de votre séchoir.
Puis vient le séchage en profondeur (phase 3), où l'on voit l’efficacité de séchage graduellement diminuer.
La courbe en vert représente l’humidité du grain, tandis que la courbe en bleu représente la vitesse à laquelle le maïs sèche.
Comment réduire son coût de séchage ?
Le dernier 1/3 d’humidité coûte les 2/3 des frais de séchage
Connaissez-vous un producteur qui a un silo-séchoir ? Vous a-t-il déjà dit : “À la fin, ça ne finit pas de finir!” C’est tout à fait normal. Car le dernier 1/3 d’humidité prend beaucoup plus de temps, car il faut laisser le temps à l’humidité au centre du grain de migrer vers la surface.
Bien que le graphique ci-dessus ne soit pas exactement à l’échelle, en divisant la hauteur de la courbe en 3 parties, le dernier 1/3 du séchage arrive pratiquement à la moitié de la période complète de séchage. On peut bien s’imaginer que le processus de séchage est loin d’être constant et que la fin de celui-ci prend beaucoup de temps. Alors, qu’arrive-t-il si votre grain passe à vitesse constante dans votre séchoir ?
Dans les faits, si vous mesurez l’air qui sort de votre séchoir, vous remarquerez que l’air au bas est encore sec. Ce qui veut dire que votre séchoir n’est pas efficace à 100%. Pour cette raison, les manufacturiers de séchoirs ajoutent de la recirculation d’air au bas du séchoir. Ainsi, vous économiserez 15% en énergie!
Récoltez tôt et économisez gros!
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, laisser sécher le maïs au champ s’avère une fausse bonne idée. Une étude* menée au Nebraska pendant 5 ans démontre une perte de rendement systématique de 9 boisseaux à l’acre (0,6 t/ha) lorsqu’on retarde la récolte. Avec du maïs à 250 $/t, on parle de 134 $/ha. De quoi faire réfléchir!
Cette perte peut s’expliquer par plusieurs facteurs, comme la perte :
Par égrainement sur le nez de la batteuse
Par respiration du grain
D’épis sur le pied
Due au développement des moisissures
Due aux ravageurs comme les insectes et les animaux
Avec notre climat, plus on attend que le grain sèche au champ, plus la saison avance et plus il fait froid. Ce qui veut aussi dire que votre coût de propane sera élevé. Par exemple, si la température moyenne baisse de 10 degrés Celsius, vous aurez besoin de plus de propane pour chauffer la masse d’air aspiré par le séchoir. Ce qui se traduira par une augmentation de la consommation de 13%.
Calcul du surcoût de la consommation énergétique :
Température visée au plénum : 176 degrés Fahrenheit => 80 degrés Celsius
Température moyenne chaude : 15 degrés Celsius
Température moyenne froide : 5 degrés Celsius
Différence de température : (80 - 15) / (80 - 5) = 13%
Un séchoir propre pour sécher avec une performance optimale
Il n’est pas rare de voir une accumulation de son sur la partie supérieure des séchoirs continu. Mais saviez-vous que cette saleté empêche votre séchoir de bien respirer ? En fait, bien que cette saleté soit légère, elle peut être responsable d’une perte d’efficacité pouvant atteindre 10% !
Une bonne pratique à mettre en place est de nettoyer votre séchoir tous les 3 jours. Ou du moins, dès que vous constatez une accumulation de particules fines sur la partie supérieure du séchoir. Comment le faire ? Simplement en lavant la section supérieure avec une laveuse à pression. Vous n’avez qu’à donner un coup rapide pour décoller la saleté et nettoyer les pores du séchoir. Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas quelque goutte d’eau qui humidifiera votre grain, il est déjà en train de transpirer !
*Phantom Yield Loss in Corn - A Five-Year Nebraska Field Study, Written by John Mick, Pioneer Agronomy Sciences, site web: site web: https://www.pioneer.com/us/agronomy/phantom-yield-loss-corn.html